Devenue un phénomène mainstream avec la longévité du succès d'« I Follow Rivers » dans sa version remixée par The Magician (plus de cent-vingt semaines de présence dans les charts français par exemple), Lykke Li n'a pas attendu cette reconnaissance commerciale pour être appréciée des fans de musique. L'engouement pour la soprano suédoise remonte même à 2008 et à son premier album Youth Novels qui en avait déjà séduit plus d'un.Entre dream pop, folk futuriste et electro soul nonchalante, Lykke Li concentre en elle plusieurs des tendances les plus affriolantes du moment. Ajoutons-y une vraie personnalité vocale, avec ce phrasé qu'elle sait si bien rendre traînant, et une complicité jamais démentie avec Björn Yttling (de Peter Bjorn and John), qui l'aide visiblement à ordonner tout ceci, et on obtient un régal musical de tout premier ordre.Pour ce troisième disque, rien ne change. Ce qui contentera les conservateurs et agacera certainement un peu ceux que l'immobilisme désespère. La force de Lykke Li est effectivement d'imposer un style et de s'y tenir. Pas de virage ni d'inflexion, pas de tentative de reproduire un tube, nulle tentation d'aller chercher un public élargi, Lykke Li reste droite devant son micro et ne cherche qu'à continuer à peindre ses fresques sonores.Neuf petites pépites pas franchement gaies, avec le folk transcendantal de « Love Me Like I'm Not Made of Stone », les violons qui habillent de leurs attaques souples « I Never Learn », l'electro hypnotique de « Silver Line » ou encore le recueilli et minimaliste « No Rest for the Wicked ». I Never Learn ressemble à l'un de ces polars de l'école nordique, avec leurs ambiances glaciales, leurs personnages aux lourds secrets et leur humour volontiers cynique. Il faut prendre le temps d'apprivoiser son charme pour ensuite avoir envie d'y rester à jamais.