Avis des lecteurs
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La guérilla des animaux de Camille Brunel
Point d’anthropomorphisme dans cette guérilla des animaux, on est bien loin du "Roman de Renart" où des "Garennes de Watership Down". Ce ne sont pas les animaux qui se font la guerre, mais les hommes qui la font aux animaux, à leur façon multimillénaire, sans même s’en rendre compte. Toujours cette même vieille histoire des bêtes qui se font chasser, tuer, dépecer, dévorer par les humains en toute impunité, parce que l’humain est carnivore, n’est-ce pas, et qu’elles ne sont que des bêtes. Que des bêtes. Eh bien non, c’est fini. Isaac a déclaré la guerre à la vieille carne humaine. Comme tu as fait périr ton prochain, animal, tu périras. Le Vieil homme et la mer, quelle foutaise ! C’est le vieux qui aurait dû mourir à la fin. Les vieux, on n’en manque pas sur cette terre alors que l’espadon est en voie de disparition. On voyage beaucoup dans ce livre nerveux traversé de colère, de rage, et d’amour. De Vancouver à l’Amazonie en passant par L’Asie, par l’Afrique, le monde est soigneusement quadrillé par un Isaac, preux chevalier de l’Animalisme, érigé en star mondiale, un Isaac qui veut la terre « toute belle. Maquillée de paons, de panthères et de pandas roux… ». Ni tiédeur, ni demi-mesure dans cette guérilla-là : si le salut des bêtes doit passer par l’extermination des humains, qu’il en soit ainsi. Mais que pèse la détermination d’un Isaac dans un monde aussi profondément anthropocentré ? Il en faudrait des millions comme lui pour inverser la vapeur. En attendant, sa trajectoire lance-flammes et sa radicalité ont le mérite de nous forcer à penser autrement la cause animale. On n’est plus tout fait le même quand on referme le livre de Camille Brunel. Sélection "off" du prix Roblès 2020, coup de cœur de la SGDL. Critique réalisée par Marie Sellier.
par Société des Gens de Lettres Le 17 novembre 2020 à 10:51