A la fois cri et affirmation, Soy Flamenco ne pouvait qu'être l'oeuvre de Tomatito. Malgré des détours par la pop ou des fusions de toutes sortes, personne n'incarne aujourd'hui mieux le flamenco que Tomatito. Soy Flamenco affirme cette légitimité, et fait une sorte de synthèse de ses quarante-cinq ans de carrière.Rien n'y manque, à commencer par la présence de Paco de Lucia pour « Corre por mis venas » d'où ruisselle la sève bouillonnante et limpide de deux guitares inspirées. Plus osée est la présence technologique de la voix de Camarón de la Isla sur « El Regalo ». Mais quelle émotion de voir surgir de l'ombre cette voix à nulle autre pareille, ressuscitée pour se poser une nouvelle fois sur les fins arpèges de celui qui l'accompagna jusqu'au bout. Si Camarón de la Isla nous manque, il manque aussi à Tomatito qui ne laisse pas passer l'occasion de l'entendre une fois encore.Autre hommage, indirect cette fois, à George Benson avec la rumba trempée dans le jazz et la soul de « Mister Benson ». Tomatito sait tout faire, tel un Jimi Hendrix de la guitare flamenca. Virtuose jusqu'au bout de chaque note qu'il laisse mourir pour les yeux de braise des spectatrices, chaque morceau de Tomatito est un récital de guitare sans équivalent dans cette sphère. « La Fuentecica » ou « Cerro de San Cristobal » sont des odes au flamenco et à la terre qui l'a vu naître, la farouche Andalousie.Soy Flamenco est le disque d'un artiste au sommet de sa carrière. Il serait d'ailleurs plus juste de parler de vie que de carrière, tellement le flamenco fait partie de l'existence de Tomatito depuis toujours. Il est son ADN, son sang, ses pleurs, son talent, sa raison d'être. Soy Flamenco est le résultat de cette fusion totale et incomparable.