Quid du cinéma ? A ce sujet circulent des réponses un peu vagues selon lesquelles si 68 a tout bouleversé, le cinéma l’aurait plutôt moins été. Mai 68 aurait été peu filmé, aurait donné lieu à peu de fictions, le cinéma aurait fait « son 68 » avant mai, avec toute la mobilisation et les manifestations contre le limogeage d’Henri Langlois par André Malraux. Les rédactions des Cahiers du cinéma sont constituées de jeunes critiques ; les auteurs de cet ouvrage collectif n’ont donc pas par définition vécu les événements. Ils se sont donc avec beaucoup de plaisir prêté au jeu de construire une vision contemporaine de mai 68, celle de leur génération, en retournant sur les traces de ce chamboulement qui marque encore aujourd’hui certains pans du cinéma. Questions pour le premier axe : comment filmer le conflit, comment s’affronter à la problématique marxiste ? Interviennent dans le livre Robert Kramer et Jean-Henri Roger. Sont analysés les films de mai 68, les films de luttes contre l’ordre établi. Le deuxième axe est exemplairement représenté par les films de Godard, et la réflexion se prolonge en puisant dans les écrits de Deleuze et Guattari de nouveaux concepts pour penser le cinéma. L’hypothèse de l’ouvrage est que, vu d’aujourd’hui, on peut avancer que 68 a proposé un recommencement du même ordre dans les deux champs artistique et politique en passant par une crise des images qui a marqué un sillon dans l’histoire du cinéma.