À la croisée des chemins, Dave Holland est l'un des rares musiciens de jazz à mettre d'accord les puristes et les modernistes. Après avoir mené de pair un quintette et un orchestre ces dernières années, le contrebassiste revient en quartette avec sa nouvelle formation Prism constituée que de pointures du jazz contemporain. Pour l'épauler dans cette nouvelle aventure, Kevin Eubanks (guitare), Craig Taborn (claviers) et Eric Harland (batterie) ont activement participé à la création du recueil Prism, augurant sans doute d'une suite que l'avenir confirmera ou non. Pour le moment, Dave Holland a choisi de revenir au son de ses vingt ans quand il intégrait le noyau atomique de Miles Davis, comme l'indique d'emblée « The Watcher » (Eubanks), où le Fender Rhodes a bien du mal à se frayer un chorus entre les riffs acides et la frappe puissante des partenaires. Fort heureusement, « Spirals » (Taborn) laisse libre cours à l'improvisation tous azimuts.D'une oreille affûtée, l'auteur de Conference for the Birds (son sommet de 1972) veille à l'équité et à la cohérence du projet auquel chacun verse son écot par au moins deux contributions. Assorti d'un irrésistible motif d'orgue, le joyeux « Choir » (Harland) anime un album versatile où chacun peut trouver son compte, dans le contemplatif « The Color of Iris » (Eubanks) comme dans l'unique ballade « Breathe » (Holland) ou le minimaliste « Evolution » (Eubanks). Les amateurs de fusion ne repartiront pas déçus entre « The Empty Chair » (Holland) et le progressif « The True Meaning of Determination » (Taborn).