Véritable coureur de fond de l’indie rock américain le plus aventureux, Yo La Tengo s’est toujours présenté comme un cousin banlieusard de Sonic Youth à qui l’on aurait injustement refusé l’accès aux portes de la gloire, pour son supposé manque de glamour urbain. Ces deux groupes incontournables ont bâti une œuvre sur les terres brûlées du Velvet Underground et de Can, pour élaborer une grammaire rock en totale liberté, dont la pertinence réside dans un refus assumé d’être dans l’air du temps. Cette marge de manœuvre que s’est implicitement accordée le trio d’Hoboken lui permet encore, après vingt-cinq ans d’activité, de ne pas lâcher la bride. Pour les connaisseurs, chaque sortie d’album est l’occasion de remettre un peu d’ordre dans les souvenirs, afin de savoir quelle place occuperait le nouveau venu dans une discographie foisonnante où tout néophyte se perdrait.