Quatre ans après un avant-goût promo étonnant d'efficacité et deux ans après le succès du détonnant Can Be Late, couronné d'une Victoire de la musique, le groupe de Matt Bastard fait valoir sa suprématie dans la catégorie rock avec son deuxième album officiel, Little Armageddon.Devancé par un nouveau tube en puissance, « Nameless Words » lesté d'un refrain rock et de couplets riddim, Skip the Use dégoupille sa nouvelle grenade éclatée en onze morceaux au moment où apparaît un troisième extrait plus pop, « The Story of Gods and Men », ritournelle montée sur piano et voix filtrée. Entre temps, « Birds Are Born to Fly » a déployé son mélange de mélodie collégiale et d'apartés électriques. Collant toujours au plus près de refrains fédérateurs sans renier ses origines punk et saturées, le groupe lillois réussit à joindre ses deux tendances pop et rock et à concilier divers styles comme le condensé seventies de « Second to None » au parfum glam.Dans une veine qui a consacré le titre « Ghost » auprès du grand public, riff mordant de Yann Stefani, mélodie lyrique et choeur d'enfants, « 30 Years » reprend le flambeau tandis que « The Taste » démarre en ballade avant d'atteindre une dimension paroxystique quatre minutes plus loin. Imprévisible, Skip the Use use de tous les styles pour mieux les secouer et les fondre au sein d'un même morceau. Au coeur de cette marmite fusion bouillonnante, symbolisée par « The Wrong Man » et ses accents electro, rock et ska, pousse une première chanson en français, « Être heureux », ballade débranchée de réconciliation. Quand arrive le dernier titre « We Are Bastards » en forme d'hymne collectif sonne l'heure d'un bilan largement positif, complété d'autres morceaux addictifs comme « Little Armageddon » ou le tournoyant exercice disco rock futuriste « Lust for You » (citant au passage le majeur pointé de Johny Cash).