Très jeune, elle est descendue de son village de la montagne druze, au sud de la Syrie, petite joueuse de oud à la voix d'or devenue depuis l'une des plus grandes chanteuses du monde arabe. Ce troisième disque en solo est une splendeur. Jamais sa voix d'alto si pure, si intense n'avait résonné avec autant de majesté et d'amplitude. Ce n'est pas que la chanteuse de musique classique arabe, diva d'une grande pudeur, renonce à sa sobriété naturelle et cède à l'emphase. Mais plutôt que sa sensualité semble s'être débridée : on entend davantage la femme dans ces vers qui exaltent le désir, la douleur de la séparation ou même le sentiment patriotique. Le travail du son, plus réverbéré, donne également de la profondeur à son chant, en souligne mieux le relief. D'autant plus que ce répertoire-là fait la part belle à la poésie nabatéenne du sud de la Syrie, qui la révèle dans un registre plus guttural, plus âpre dans les intonations. L'accompagne alors, sur des épisodes nostalgiques de guerriers, de nomades ou de chameliers, la flûte ney de Moslem Rahal, rencontré lors de leurs aventures communes avec Jordi Savall. Voix mélancolique et volutes enveloppantes en osmose, ces duos bouleversent. — Anne Berthod
- Sujets
- Description physique
- 1 cd
- Date de publication
- 2016
- Espace
- Musique, cinéma, jeux vidéo