Le saxophoniste Colin Stetson fait partie d’une classe à part. En effet, rares sont les artistes qui se révèlent aussi à l’aise dans l’avant-garde (sa trilogie New History Warfare), la relecture d’œuvres classiques (Sorrow) et les collaborations pop (Animal Collective, Arcade Fire, Bon Iver). Sur son nouvel opus, All This I Do For Glory, il poursuit ses expérimentations avec une nouvelle emphase rythmique.Beaucoup a déjà été dit et écrit sur la technique particulière de Stetson, un Américain d’origine mais désormais établi à Montréal. Son approche dite de la « respiration circulaire » lui permet d’aborder le saxophone comme aucun autre instrumentiste. À l’écoute, on a l’impression d’entendre quatre pistes superposées, alors que tout est généralement enregistré en une seule prise, sans aucun ajout. Sans cesse, on le croit à bout de souffle, tellement l’exécution semble exigeante. « La plupart de mes pièces sont construites sur l’étirement de mes limites physiques », a-t-il déjà confié en entrevue au Voir. Avec pour résultat que sa respiration et ses tapements de doigts font partie intégrante de la musique, alors que d’autres les dissimuleraient.