Papiers de garde
Faisant partie de la reliure, les papiers de garde sont d'abord, quand ils arrivent en France au XVIIe siècle, collés au seul contreplat (définition : Intérieur du plat d'une reliure.). Au XVIIIe siècle, l'usage se répand de faire une deuxième garde, dite volante, qui constitue un premier feuillet dont la première face est en couleurs et la deuxième collée contre une feuille blanche. Seules les reliures d'un certain prix et d'une certaine qualité comprennent des gardes en couleur dont les techniques de fabrication ne sont pas du tout les mêmes suivant qu'il s'agit de papier marbré, de papier dominoté ou de papier gaufré.
Papiers marbrés
Papiers marbrés
Apparu en Chine au Xe siècle et au Japon au siècle suivant, le papier marbré arrive en Europe à la fin du XVIe siècle via la Perse et la Turquie. Servant initialement de fond à des poèmes calligraphiés, le papier marbré est utilisé à partir du milieu du XVIIe siècle comme papier de garde dans les reliures. Le XVIIIe siècle voit la multiplication des ateliers et des motifs. La marbrure se fait à partir d'une surface d'eau additionnée de gomme adragante (définition : Gomme issue d'un mélange de sèves de plus d'une vingtaine de plantes différentes.) sur laquelle on jette des taches de différentes couleurs obtenues à partir de pigments mêlés à du fiel de boeuf et à de l'esprit de vin. Ces taches de couleur sont ensuite peignées pour former des motifs variés. Certains motifs comme la feuille de chêne, la coquille ou le peigné old dutch se retrouvent sur des centaines de reliures. D'autres, comme les chevrons ou les plumes sont plus rares. On peut parfois attribuer à un relieur la création d'un papier de garde comme le caillouté sur fond marbré, créé selon toute vraisemblance vers 1780 par Nicolas Derôme le jeune, l'un des plus grands relieurs parisiens du XVIIIe siècle. A partir du XIXe siècle on utilise des papiers marbrés de manière industrielle concuremment avec les papiers marbrés traditionnels.
Papiers dominotés
Papiers dominotés
Depuis 1260 existe à Paris la corporation des « dominotiers-enlumineurs-sculpteurs et tailleurs en cruchefils » qui réal ;isent entre autres des dominos. On appelle domino une feuille de papier estampée de motifs imprimés à la planche de bois gravée (ou plus rarement à la planche de cuivre incisée), puis « patronée », c'est à dire coloriée en utilisant des pochoirs ou patrons. Ces papiers sont principalement utilisés en reliure notamment pour des couvrures provisoires en attendant une reliure en cuir définitive, mais on les utilise également dans le gainage de boites ou comme décor mural. Aux XVIIIe siècle, Paris et Orléans et, dans une moindre mesure, Chartres et Le Mans, sont les principaux centres de production de papiers dominotés. Certains de ces papiers portent encore la signature et les numéros de catalogue de ces fabricants parisiens ou orléanais.
Le papier à la colle, au décor sommaire et souvent imprévisible, s'obtient par un mélange de pigments et de colle de farine étendu sur le papier à l'aide d'une grosse brosse ou d'une éponge.
Papiers gaufrés
Papiers gaufrés
Le procédé du papier doré et gaufré, d'origine turque comme les papiers marbrés, apparaît en Allemagne et particulièrement à Augsbourg à la fin du XVIIe siècle et se propage dans toute l'Europe dans la première moitié du XVIIIe siècle.
On distingue, suivant la typologie allemande, les Bronzefirnis (vernis au bronze), qui sont des papiers dorés, unis et ne présentant aucun relief, et les Goldfirnis (vernis à l'or) ou Brokatpapiere qui sont dorés et gaufrés avec un certain relief. Très souvent ces derniers papiers sont rehaussés de touches de couleur très vives appliquées au pochoir de manière aléatoire et non répétitive, qui contribuent beaucoup au charme de ces papiers très spectaculaires.