La bibliothèque dans ses différents lieux
La bibliothèque au palais épiscopal (1799-1830)
La bibliothèque au palais épiscopal (1799-1830)
Ouverte au public en 1799, la bibliothèque de Blois compte alors 18 000 volumes et déjà des achats sont faits pour augmenter et actualiser la collection.
Durant tout le XIXe siècle, la collection ne va cesser de s'accroître grâce à l'action d'une succession de bibliothécaires généralement avisés. Installée dans l'ancien palais épiscopal qui sert alors de préfecture jusqu'en 1830, la bibliothèque communale de Blois prend un nouvel essor.
Dès 1812, le catalogue des livres par matière étant achevé, Pierre Rabillon puis M. Villequin se préoccupent du sort des collections. On complète d'abord les grandes séries laissées inachevées par l'ancien régime, on acquiert des manuels pour l'accompagnement des cours du collège et on fait entrer les auteurs de la fin du XVIIIe siècle. Grâce aux libéralités du préfet Corbigny, les grandes statistiques départementales et les annuaires descriptifs des départements rejoignent les rayons de la bibliothèque.
La bibliothèque à l'hôtel de ville (1830-1888)
La bibliothèque à l'hôtel de ville (1830-1888)
En 1830, la bibliothèque quitte l'ancien palais épiscopal, rendu à sa destination première, et s'installe à l'hôtel de ville, alors situé sur les quais, proche le pont Gabriel.
L'annuaire du département mentionne à cette date l'achat de plus de 600 volumes dont l'Histoire des mammifères de Cuvier, les Oeuvres complètes de Chateaubriand, les Lettres sur l'Histoire de France d'Augustin Thierry et l'Histoire des Gaulois de son frère Amédée Thierry. C'est à la même époque que l'État envoie à Blois la monumentale Description de l'Egypte achevée en 1828.
Sous la direction de Louis de la Saussaye, conservateur de 1831 à 1858 et de Louis Gaudeau, bibliothécaire en titre jusqu'en 1851, la bibliothèque s'enrichit de nombreuses revues dont les abonnements ont parfois été continués jusqu'à nos jours tels que la Revue des deux mondes, le Journal des savants ou le Bulletin du Bibliophile. En 1838, La Saussaye fait acheter à la vente Joursanvault, plus de 2000 pièces d'archives provenant de la chambre des comptes du comté de Blois et s'échelonnant du XIIe au XVIIe siècle. A la suite de Louis Gaudeau, Alexandre Dupré poursuit l'enrichissement des collections en l'orientant vers l'érudition historique et scientifique. Jusqu'à sa révocation en 1877 pour cause de mésentente avec la municipalité, Dupré mènera de front une carrière d'historien, publiant plus d'une centaine d'études historiques sur Blois et le Loir-et-Cher, et de bibliothécaire. En 1867, il complète la collection Joursanvault par l'achat de 272 pièces d'archives supplémentaires parmi lesquelles se trouve la plus ancienne pièce de la bibliothèque datée de 987. Il fait entrer les grandes collections telles que les Documents inédits de l'histoire de France. Il accueille en 1850 le legs Monin (botanique), en 1867 le don fait par Armand Baschet d'une partie de sa bibliothèque historique et surtout en 1873 le généreux legs de l'abbé Pothée, constitué de plus de 2000 volumes, pour la plupart antérieurs à la Révolution.
Après la révocation de Dupré en 1877, la bibliothèque connaît une période troublée, marquée par une succession de bibliothécaires médiocres jusqu'à l'arrivée de Pierre Dufay en 1892.
La bibliothèque au château (1888-1997)
La bibliothèque au château (1888-1997)
En avril 1888 la bibliothèque quitte l'hôtel de ville et s'installe dans l'aile Gaston d'Orléans du château.
Durant cent ans, c'est dans ce local prestigieux que les lecteurs seront accueillis et que les collections vont continuer de grossir par une succession d'achats, de legs et de confiscations. La loi de séparation des Églises et de l'État met en effet à la disposition de ce dernier les bibliothèques des communautés religieuses et notamment des séminaires. C'est ainsi qu'une part importante des livres réunis par Mgr de Sausin, évêque de Blois de 1823 à 1844, entre dans les collections municipales à partir de 1906. En 1919 le legs Trouessart offre les 81 volumes de notes manuscrites réunies par cet érudit qui, pendant 35 ans, recopie les registres des délibérations municipales, les registres d'état civil, les journaux de Blois et en fait des tables alphabétiques et analytiques. En 1928 l'achat d'une partie importante de la collection Belenet, riche en documents et manuscrits provenant pour l'essentiel de la collection La Saussaye, permet entre autres l'arrivée du manuscrit original des Coutumes de Blois rédigé en 1524.
Après la direction avisée du Dr Lesueur, conservateur de 1922 à 1942, qui achète de nombreux ouvrages d'art, d'histoire et de littérature, la bibliothèque, sous l'impulsion de Annie Souberbielle, bibliothécaire de 1938 à 1979, entre dans une nouvelle phase de son histoire. Désormais, une place grandissante est donnée à ce qu'on appelle la lecture publique. La littérature contemporaine fait son entrée en force de même que les manuels pratiques, les magazines, les disques de musique classique et après la seconde guerre mondiale la littérature pour la jeunesse. La bibliothèque ne s'adresse plus seulement à une petite catégorie d'érudits, mais s'ouvre à une plus grande partie de la population. Néanmoins l'habitude persiste de recevoir des dons et legs spécialisés. Les legs Hubert-Fillay en 1946 et Pascal Forthuny en 1958 font entrer les papiers personnels de ces deux écrivains nés en Loir-et-Cher. Le legs André Frank en 1974 permet de faire entrer à la bibliothèque une quinzaine de précieux manuscrits médiévaux dont une rare version grecque de l'Iliade d'Homère rédigée au XIVe siècle sur papier de coton. Sous les directions d'Alban Pendriez (1979-1991) puis de Thierry Ermakoff (1991-2001) la bibliothèque s'enrichit du premier livre imprimé à Blois (Les grandes et fantastiques batailles des grans roys Rodilardus et Croacus, 1554) et de nombreux ouvrages de science et de magie.