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résultats de la DICTÉE HISTORIQUE AVEC ISABELLE HEULLANT-DONAT
À l'occasion des Rendez-vous de l'histoire, une dictée issue de textes d'historiens des XIXe et XXe siècles, sous la férule d'une personnalité éminente : Isabelle Heullant-Donat, s'est déroulée samedi 7 octobre à 11h au Jeu de Paume. Le prix sera remis dimanche 8 octobre à 10h30 à la Halle aux Grains en préambule à la table ronde « Une histoire des préjugés ».
En partenariat avec les Rendez-vous de l'histoire et la librairie Mollat.
Aucun candidat n'a fait zéro faute.
La lauréate a fait 5 fautes.
Madame Laurence DE SAINT ALBIN
Texte de la dictée : Apologie pour l'histoire ou métier d'historien, Marc Bloch, Armand Colin, 1949, suivi de trois phrases issues de textes de Maurice Druon, publiées dans la revue Nouvelles littéraires le 21 septembre 1967.
Apologie pour l’histoire ou métier d’historien
«Papa, explique-moi donc à quoi sert l'histoire.» Ainsi un jeune garçon qui me touche de près interrogeait, il y a peu d'années, un père historien. Du livre qu'on va lire, j'aimerais pouvoir dire qu'il est ma réponse. Car je n'imagine pas, pour un écrivain, de plus belle louange que de savoir parler, du même ton, aux doctes et aux écoliers. Mais une simplicité si haute est le privilège de quelques rares élus. Du moins cette question d'un enfant — dont, sur le moment, je n'ai peut-être pas trop bien réussi à satisfaire la soif de savoir — volontiers je la retiendrai ici comme épigraphe. D'aucuns en jugeront, sans doute, la formule naïve. Elle me semble au contraire parfaitement pertinente. Le problème qu'elle pose, avec l'embarrassante droiture de cet âge implacable, n'est rien de moins que celui de la légitimité de l'histoire.
Voilà donc l'historien appelé à rendre ses comptes. Il ne s'y hasardera qu'avec un peu de tremblement intérieur : quel artisan, vieilli dans le métier, s'est jamais demandé, sans un pincement de cœur, s'il a fait de sa vie un sage emploi ? Mais le débat dépasse, de beaucoup, les petits scrupules d'une morale corporative. Notre civilisation occidentale tout entière y est intéressée.
Car, à la différence d'autres types de culture, elle a toujours beaucoup attendu de sa mémoire. Tout l'y portait : l'héritage chrétien comme l'héritage antique. Les Grecs et les Latins, nos premiers maîtres, étaient des peuples historiographes. Le christianisme est une religion d'historiens. [...] Notre art, nos monuments littéraires sont pleins des échos du passé ; nos hommes d'action ont incessamment à la bouche ses leçons, réelles ou prétendues.
Sans doute [aussi], les civilisations peuvent changer. Il n'est pas inconcevable, en soi, que la nôtre ne se détourne un jour de l'histoire. Les historiens feront sagement d'y réfléchir. L'histoire mal entendue pourrait bien, si l'on n'y prenait garde, risquer d'entraîner finalement dans son discrédit l'histoire mieux comprise.
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Phrases de Maurice Druon, publiées dans la revue Nouvelles littéraires le 21 septembre 1967.
Nous parcourions, à l'entour des Baux-de-Provence, le pays baussenc où de tout temps se sont succédé les poètes occitans.
En quête d'un mas, tombât-il en ruine, qui convînt à nos ressources pécuniaires, nous nous étions assuré l'aide d'un autochtone fringant, excellant, selon les ouï-dire et autres on-dit, aux affaires extravagantes, tels le drainage des résurgences dans les zones aquifères et l'asepsie des entreprises séricicoles.
Nous croyions en l'effet convaincant de son esbroufe et de son bagou pour le cas où nous louerions un gîte et conclurions un bail emphytéotique.