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RESULTATS DE LA DICTÉE HISTORIQUE AVEC PHILIPPE COLLIN
À l'occasion des Rendez-vous de l'histoire, une dictée issue de textes d'historiens des XIXe et XXe siècles, sous la férule d'une personnalité éminente, Philippe Collin, s'est déroulée samedi 12 octobre à 11h au Jeu de Paume. Le prix a été remis dimanche 13 octobre à 11h à la Halle aux Grains en préambule à la conférence de Pascal Picq "Klara, Raphaël, Pascal. L'IA, le philosophe et l'anthropologue".
En partenariat avec les Rendez-vous de l'histoire et la librairie Mollat..
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Madame Laurence de Saint Albin
Texte de la dictée : Du mariage, Léon Blum, préface de Pascal Ory, Bouquins, 2021, suivi de phrases additionnelles issues de La Curée, Émile ZOLA, 1871
Du mariage
« Si le mariage, tel que nous le pratiquons, est par essence malheureux, s’il oppose, use et endolorit les corps et les cœurs dans tout ce qu’ils ont de contraire et de sensible, si le bonheur y constitue “un hasard dont on frémit”, et la paix, la simple douceur de la paix, une sorte de jouissance providentielle, ne tenons-nous pas aussi le remède ?
Le vice propre du mariage actuel, c’est qu’il unit un homme tendant ou déjà parvenu à la période monogamique avec une femme encore neuve, avec une femme qui, normalement, avant de se fixer, devrait dépenser, épuiser l’instinct de changement qui est en elle. Examinons même, dans l’état présent, le cas le plus rare, le plus favorable, un mariage d’amour entre deux très jeunes gens. La jeune fille est vierge, le jeune homme n’a laissé, dans de brefs et banals contacts, que l’apparence et la surface de sa virginité. Vous croyez ce mariage heureux ? Cependant, et hors des exceptions qu’il faut toujours réserver, ce mariage ne sera pas heureux ou ne sera pas solide, et nous n’avons, pour nous en convaincre, qu’à regarder autour de nous avec l’attention et dans la direction convenables. On n’attente pas impunément aux lois naturelles. Le mariage est la monogamie codifiée, et la monogamie ne correspond, chez l’homme ou chez la femme normale, qu’à un état second du cœur et ses sens. Tout mariage qui unit l’homme et la femme avant qu’ils soient parvenus l’un et l’autre à cet état est un mauvais mariage. [...]
Qu’arrivera-t-il quand cet état de mœurs se sera généralisé davantage ? Qu’arrivera-t-il quand les jeunes filles se seront convaincues, par des exemples répétés, que la liberté préalable de la vie, non seulement n’empêche pas les femmes de se marier, mais peut encore leur faciliter le mariage ? Cette liberté de vie, que je tiens pour l’antécédent nécessaire de l’état matrimonial, toutes les jeunes filles y aspirent secrètement. Ce qui les arrête aujourd’hui, c’est d’avoir conçu le mariage comme un but certain et proche, c’est de craindre qu’un seul caprice, une seule distraction puisse les en écarter avec ignominie. Mais bientôt les jeunes filles se diront : “J’ai vu trop de fois que les amants passés d’une femme ne l’empêchaient pas de trouver un bon mari, meilleur assurément que ceux que l’on me propose.” Ou encore : “Un mariage satisfaisant est devenu un lot à la loterie. S’il faut renoncer au mariage, du moins ne renonçons pas à l’amour.” »
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Phrases additionnelles : La Curée, Émile ZOLA, 1871
« On était à l'automne ; la ville, sous le grand ciel pâle, s'alanguissait, d'un gris doux et tendre, piqué çà et là de verdures sombres, qui ressemblaient à de larges feuilles de nénuphars nageant sur un lac ; le soleil se couchait dans un nuage rouge, et, tandis que les fonds s'emplissaient d'une brume légère, une poussière d'or, une rosée d'or tombait sur la rive droite de la ville, du côté de la Madeleine et des Tuileries. C'était comme le coin enchanté d'une cité des Mille et une Nuits, aux arbres d'émeraude, aux toits de saphir, aux girouettes de rubis. »