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RÉSULTATS DE LA Dictée historique avec PASCAL ORY
À l'occasion des Rendez-vous de l'histoire, une dictée issue de textes d'historiens des XIXe et XXe siècles, sous la férule d'une personnalité éminente de la discipline, Pascal ORY, Professeur émérite à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), membre de l’Académie française, s'est déroulée le samedi 9 octobre 2021 à 10h30 au Jeu de Paume.
Aucun candidat n'a fait aucune faute.
La lauréate a fait 3 fautes et demie. Tous les autres participants ont fait plus de 4 fautes.
Madame Florence CHOBERT
Le prix a été remis par Pascal Ory, Christophe Degruelle, Président d'Agglopolys, et Jean-Pierre Colignon, ancien chef correcteur du Monde, dimanche 10 octobre à 11h30 dans l'hémicycle de la Halle aux Grains, en ouverture de la rencontre avec Edouard Philippe « impressions et lignes claires».
Texte de la dictée : un extrait de Récits des temps mérovingiens, précédés de Considérations sur l’histoire de France d’Augustin Thierry, tome premier, Just Tessier libraire-éditeur, Paris, 1842 (orthographe d’origine réactualisée conformément aux normes actuelles par M. Colignon) ainsi que deux phrases de la composition de Monsieur Colignon.
Récits des temps mérovingiens
En 1810, j'achevais mes classes au collège de Blois, lorsqu'un exemplaire des Martyrs, apporté du dehors, circula dans le collège. Ce fut un grand événement pour ceux d'entre nous qui ressentaient déjà le goût du beau et l'admiration de la gloire. Nous nous disputions le livre; il fut convenu que chacun l'aurait à son tour, et le mien vint un jour de congé, à l'heure de la promenade. Ce jour-là, je feignis de m'être fait mal à un pied, et je restai seul à la maison.
Je lisais, ou plutôt je dévorais, les pages, assis devant mon pupitre, dans une salle voûtée qui était notre salle d'études, et dont l'aspect me semblait alors grandiose et imposant.
L'impression que fit sur moi le chant de guerre des Francs eut quelque chose d'électrique. Je quittai la place où j'étais assis et, marchant d'un bout à l'autre de la salle, je répétai à haute voix, et en faisant sonner mes pas sur le pavé :
« "Pharamond ! Pharamond ! Nous avons combattu avec l'épée !
« "Nous avons lancé la francisque à deux tranchants; la sueur tombait du front des guerriers et ruisselait le long de leurs bras. Les aigles et les oiseaux aux pieds jaunes poussaient des cris de joie ; le corbeau nageait dans le sang des morts ; tout l'Océan n'était qu'une plaie. Les vierges ont pleuré longtemps.
[texte lu mais non dicté]
[« "Pharamond ! Pharamond ! Nous avons combattu avec l'épée !
« "Nos pères sont morts dans les batailles, tous les vautours en ont gémi ; nos pères les rassasiaient de carnage. Choisissons des épouses dont le lait soit du sang et qui remplissent de valeur le cœur de nos fils. Pharamond, le bardit est achevé, les heures de la vie s'écoulent; nous sourirons quand il faudra mourir".
« Ainsi chantaient quarante mille Barbares. Leurs cavaliers haussaient et baissaient leurs boucliers blancs en cadence, et, à chaque refrain, ils frappaient du fer d'un javelot leur poitrine couverte de fer. »]
Ce moment d'enthousiasme fut peut-être décisif pour ma vocation à venir. Je n'eus alors aucune conscience de ce qui venait de se passer en moi; mon attention ne s'y arrêta pas; je l'oubliai même durant plusieurs années, mais, lorsque, après d'inévitables tâtonnements pour le choix d'une carrière, je me fus livré tout entier à l'histoire, je me rappelai cet incident de ma vie et ses moindres circonstances avec une singulière précision. Aujourd'hui, si je me fais lire la page qui m'a tant frappé, je retrouve mes émotions d'il y a trente ans.
Paris, le 25 février 1840.
Deux phrases dictées par Monsieur Colignon :
Un village bien accueillant
En ce village très coquet, même les hangars sentent bon l’encaustique parfumée à la citronnelle ! De la pimpante auberge, les touristes peuvent constater l’entrain des quelque cent taures qui s’ébattent gaiement dans un immense pré contigu. Cela est dû, paraît-il, à la diffusion dans les étables, dès potron-minet, de l’entraînante Marche turque de Mozart, qui, dit-on, mettait Liszt en boule.
Tous les dimanches, trois vieilles amies, qui se sont toujours beaucoup ressemblé, viennent petit-déjeuner sous le regard de Louis XIV, le Roi-Soleil, une figure de sire dont l’hermès en sarrancolin orne le dessus d’une rustique panetière.
Avec l'aimable concours de Pascal Ory, qui a dicté le texte aux participants, et de Jean-Pierre Colignon, ancien chef correcteur du Monde.