Terre de contrastes, pays coupé en deux géographiquement et culturellement, le Mali est le point de rencontre du Sahel et de l'Afrique noire. Ce statut de carrefour a permis aux artistes maliens de développer une richesse musicale certainement inégalée sur tout le continent. Maître du n'goni, ce luth qui est un ancêtre probable du banjo, Bassekou Kouyaté en est l'un des nombreux ambassadeurs à travers le monde.L'histoire qui est toujours riche en coïncidences, a voulu que l'artiste et son groupe Ngoni Ba soient justement en train d'enregistrer ce troisième album lorsque s'est produit le coup d'état militaire qui a destitué le président Toumani Touré. C'est dans l'ambiance particulière d'un couvre-feu que Jama Ko a vu le jour et s'est chargé d'une intensité palpable.On sent de la rage dans les accords de « Jama Ko » qui parle de réunion de foules et résonne comme un « Kick Out the Jams » malien. Bassekou Kouyaté empoigne son n'goni comme un fusil pour lancer « Ne me fatigue pas » à tous ceux qui détruisent son pays. Jama Ko n'est pas seulement politisé, il sait aussi se faire festif avec le très latin « Sinaly ».Pour la première fois les fils de Bassekou Kouyaté sont présents sur l'album et ont intégré un Ngoni Ba largement remanié, mais c'est un invité de marque qui retient l'attention. Taj Mahal partage avec Bassekou Kouyaté les six minutes de « Poye 2 », jam session où encore une fois le blues se conjugue à l'Africaine. Disque de résistance, Jama Ko est à lui seul le symbole du combat des artistes du monde entier pour que leurs cultures ne soient pas écrasées par le poids de l'histoire et de ses conflits.