Incunables
L
L'imprimerie, inventée autour de 1455 par Gutenberg et ses associés à Mayence, constitue une révolution dans la manière de fabriquer les livres. Cependant elle n'en modifie pas immédiatement la forme. Le livre imprimé s'inspire au plus près du livre manuscrit. L'écriture et la mise en page y sont semblables. L'illustration, lorsqu'il y en a, reprend les formes de l'illustration manuscrite : bandeaux, encadrements, vignettes et gravures à pleine page et bien souvent, dans les exemplaires de luxe, les enlumineurs ont rehaussé ces illustrations de vives couleurs, ce qui les apparentent à des enluminures. Certaines impressions sont même réalisées sur du vélin ce qui renforce la similitude avec le manuscrit. Comme dans les manuscrits, la mise en page peut se faire de plusieurs manières, soit "à longues lignes" (Liber chronicarum), soit en colonnes (Nouveau testament, Hortus sanitatis). Si le texte est commenté ou glosé, la glose apparaît en plus petits caractères autour du texte principal (Super libris Boetii) et chacun de ces deux niveaux de lecture, texte et glose, peut également être disposé sur deux colonnes (Institutes). Les caractères employés diffèrent suivant les aires géographiques et selon le texte. On y retrouve les principaux types de caractères gothiques : lettre de forme, réservée aux écritures saintes, lettre de somme, que l'on retrouve entre autres dans les textes juridiques, lettre bâtarde pour les livres en langue vernaculaire (Arbre des batailles). Le romain, dérivé de l'écriture des érudits italiens, est plutôt utilisé dans la péninsule (Saint-Jérôme) ou pour l'impression des textes classiques (Platon) et humanistes (Historia florentini).
Ces livres imprimés avant le 1er janvier 1501 ont été dénommés par les historiens du livre des incunables du mot latin incunabula signifiant les langes d'un nouveau-né et par extension le berceau, l'enfance ou encore l'origine.
La plupart des incunables du fonds de Blois proviennent de la collection constituée au XVIIIe siècle par Mgr de Thémines, cinquième évêque de Blois, et grand bibliophile. Grâce à lui, plusieurs pièces fort rares telles que le Missale mixtum imprimé à Tolède en 1500 ou le Nouveau testament imprimé par Barthélémy Buyer à Lyon vers 1476 rehaussent de leur présence une collection par ailleurs assez modeste.