Autour des Milles et une nuits
Deux témoignages du Xè siècle, indiquent que Les Mille et une nuits seraient au départ le résultat de l'adaptation en arabe d'un ouvrage persan intitulé Hézâr afsâna (Mille contes). Ces contes proviendraient essentiellement de trois grands fonds principaux, une source indo-persane à coloration héllenistique se situant entre les IIIe et VIIe siècles, un fonds arabe datant de la période du pouvoir des califes de Bagdad IX-XIe siècles et un fonds populaire égyptien des XIIe et XIIIe siècles, qui ont continué à se transformer, jusqu'au XVIe siècle mais n’ont jamais fait partie de l’horizon officiel des lettres arabes. Cependant, aucune preuve matérielle du Hézâr afsâna permettant d'affirmer une potentielle origine persane n'a été trouvée. De plus les scènes du recueil ont majoritairement lieu aux cours de Bagdad ou du Caire, villes fondées par les Arabes, et les personnages sont presque exclusivement musulmans. Le domaine fantastique dont il est question est celui de la mythologie arabe et le contexte historique est très souvent celui du califat abbasside.
Les éditions présentées reprennent la traduction d'Antoine Galland qui a introduit ces contes en Europe à partir de 1704, mais dont une partie a été rédigée par lui-même, en s'inspirant des récits que lui avait contés son assesseur syrien, Hanna Dyâb. Pour faire prendre corps et esprit au personnage de Shéhérazade, cet antiquaire du roi (puis professeur de langue arabe au Collège de France) s'est inspiré de Madame d’Aulnoy et de la marquise d'O, dame du palais de la duchesse de Bourgogne.
Selon Abdelfattah Kilito, cette compilation de récits anonymes ne remplit aucun des critères classiques de la littérature arabe : un style noble, un auteur précis et une forme fixe. De plus, elle met en avant de nombreux particularismes et dialectes locaux, bien éloignés de l'horizon des lettres, ce qui laisse à penser que si Galland n'avait pas transmis cette mémoire, elle aurait disparu. Antoine Galland a notamment intégré aux Mille et Une Nuits des récits n'y figurant pas à l'origine comme Sinbad le marin, Aladin ou Ali-Baba, si bien que Jacques Finné souligne que Galland est sans doute le seul traducteur de l'histoire « à avoir traduit et donné corps à un texte qui n'existait pas encore officiellement. »
La traduction de Galland a été complétée par Jacques Cazotte et Denis Chavis pour les volumes XXXVII à XLI du Cabinets des fées (Genève, 1784-1793) sous le titre Les Veillées du Sultan Schahriar. « Galland met ses contes sur le même plan que le récit de voyage [...] leur lecture a alimenté les poncifs de la littérature et de l'imaginaire occidentaux : le despote oriental, la femme voluptueuse, l'univers du harem, ce livre a fait de l'Orient le lieu du délice des sens ».