Littérature
Le monde de la littérature est représenté de manière très inégale au sein des fonds patrimoniaux.
Si la littérature classique, tant des auteurs de l'antiquité que des auteurs français du XVIe au XVIIIe siècle est assez présente dans les rayonnages, la littérature des XIXe et XXe siècles ne l'est que par des éditions récentes, souvent très postérieures aux éditions originales. Comme dans les autres grandes sections, on distingue plusieurs sous-chapitres qui sont la grammaire, la rhétorique ou l'art du discours, la poétique, incluant la poésie proprement dite, l'art dramatique et le roman ; la philologie et la polygraphie. Sans entrer dans le détail de ces différentes sections, nous présentons ci-dessous un aperçu des spécificités des collections.
grands auteurs
Langue française classique
Depuis l'ouverture de la bibliothèque Abbé-Grégoire, les bibliothèques de Blois ont créé une section consacrée au français classique.
Blois se devait en effet d'honorer la mémoire des grammairiens qui, au XVIIe siècle, ont fait la renommée de notre ville en matière de bon français. Depuis les séjours de la cour en Val de Loire au XVIe siècle, Blois partageait avec quelques autres villes comme Tours, Orléans ou Angers, la réputation flatteuse d'être le lieu de France où l'on parlait le français le plus pur, le plus conforme aux usages du beau monde et le moins chargé d'accent, donc le meilleur pour l'apprentissage de la langue par des étrangers. Mais c'est de Blois que sont issus trois grammairiens, Charles Maupas, Paul Festeau et Claude Mauger, qui ont exporté leur savoir et contribué à la réputation de leur ville natale en installant des cours de français à l'usage des Anglais, à Londres dans le quartier de Ludgate, qui prit bientôt le surnom de « Petit Blois ». C'est dans la continuité de leur travail que la bibliothèque de Blois développe un fonds d'étude du français classique. On y trouve les précurseurs tels que le Champfleury de Geoffroy Tory (1529) qui constitue un des premiers traités de grammaire française, ou Le Trésor des mots de Robert Estienne (1578). Les travaux du XVIIe siècle sont bien représentés avec les dictionnaires de Furetière (1684), de Richelet (1680) et de l'Académie (1695). Les Remarques sur la langue Française, de Vaugelas (1647), Les Origines de la langue française de Ménage (1650), mais aussi l'Ortografe francese, d'Arnoult (1750) ou Les illustres proverbes historiques du comte de Cramail (1655) illustrent les remous suscités par les travaux de l'Académie et les débats autour de la fixation de l'orthographe.
Les publications du XVIIIe siècle ouvrent de nouvelles perspectives de recherche sur la formation des langues et sur l'universalité de la langue française. L'abbé Pluche et le président de Brosses associent mécanique et linguistique, Court de Gébelin dans son Histoire naturelle de la parole (1776) étudie la voix et ses organes. Quand l'Europe des Lumières parle français à la fin du siècle, le rapport de l'abbé Grégoire affiche la nécessité d'anéantir les patois (1793). Les collections de la bibliothèque suivent l'évolution de la langue aux siècles suivants avec les contributions de Charles Nodier, Jean-Baptiste de Roquefort, Emile Littré et Ferdinand Brunot. On y voit l'appel à la réforme lancé par Marle, les Observations de Firmin Didot (1867), le Dictionnaire du langage politique de Vaumène (1831). Aux côtés de ces études sérieuses sur la règle et du bon usage, figurent des ouvrages plus légers tels que le Dictionnaire de la langue verte d'Alfred Delvau (1883), la Manière d'apprendre le français en riant de Parival et Dampierre (1698), La cantatrice grammairienne ou l'Art d'apprendre l'orthographe françoise seul (...), par le moyen des chansons érotiques (1788) ou les Excentricités de Lorédan Larcher (1860).
Littérature antique
Les auteurs classiques grecs et latins sont bien représentés, comme dans presque tous les fonds anciens.
Les rhéteurs et orateurs grecs (Isocrate, Demosthène) et latins (Ciceron, Quintilien) figurent dans des éditions aussi diverses que les charmantes éditions elzéviriennes du XVIIe siècle, les belles éditions de Didot du XVIIIe siècle, les savantes versions « cum notis variorum », ou les éditions humanistes du XVIe siècle. Les poètes sont également présents avec plusieurs versions grecques et latines d'Homère et de belles éditions de Virgile, Horace, Plaute et Térence dues entre autres à Baskerville, mais aussi des éditions illustrées des Fables d'Esope ou des Métamorphoses d'Ovide.
Grands auteurs français et étrangers (Littérature moderne)
Si la plupart des grands auteurs français sont présents dans les fonds, on y compte peu d'éditions originales mais un bel ensemble d'éditions anciennes.
Parfois contemporaines des auteurs eux-mêmes, ces éditions ont souvent marqué l'histoire comme la belle édition des Fables de la Fontaine, illustrée par Oudry en 1756 ou les Oeuvres de Molière accompagnée des gravures de Boucher (1734). Si les éditions du XVIIIe siècle sont les plus nombreuses, notamment les oeuvres de Voltaire dans l'édition de Kehl commanditée par Beaumarchais ou les éditions de Corneille et Racine par Didot, on trouve aussi les éditions populaires illustrées de Victor Hugo et Emile Zola voisinant avec les premières éditions collectives de Balzac. A noter encore un bel exemplaire des Essais de Montaigne (1598), une édition des Provinciales de Pascal de la même année que l'originale (1657) ainsi qu'une édition pirate à la date de l'originale des Liaisons dangereuses (1782) et l'édition originale des Mémoires d'Outre-tombe (1849). En littérature étrangère on note un bel ensemble de poésie et de théâtre italien dans des éditions du XVIe siècle où l'on relève les noms de Dante, Boccace et Pétrarque, mais aussi l'Arioste et le Tasse. La littérature anglaise des XVII et XVIIIe siècles est également bien représentée par plus de 400 titres dans lesquels on trouve Shakespeare et Dryden, Milton et Congreve et l'incontournable Richardson, best-seller de la littérature anglaise. Enfin on peut noter la présence de la Lusiade de Luis de Camoes, chef d'oeuvre de la littérature portugaise, une belle édition illustrée de Don Quichotte, sortant des presses d'Ibarra (1780) et quelques oeuvres d'auteurs allemands (Brant, Zacharia), hollandais (Erasme) ou roumain (istrati).
Abécédaires
Depuis les années 1990, la bibliothèque de Blois acquiert tous les abécédaires publiés en France et complète ses collections par l'achat d'abécédaires antérieurs ou publiés à l'étranger.
Prolongement des manuels de « civilité puérile » publiés dès le XVIe siècle, les abécédaires sont une mine d'informations tant sur l'histoire de la pédagogie que celle de l'illustration ou l'histoire des mœurs. Les objets décrits varient d'une génération à l'autre et, hormis les lettres elles-mêmes, il y a peu de choses communes entre le Premier livre des enfants (1868) et les plus récents abécédaires comme l'Alphabet prend l'avion pour Zanzibar (2008) ou le classique Abécédaire de Tomi Ungerer (2007).