Les religions
Les ouvrages traitant des religions sont, comme souvent dans les bibliothèques anciennes, assez bien représentés même s'il s'agit dans leur immense majorité de livres relevant de la religion catholique romaine. L'origine monastique et épiscopale des fonds primitifs y est pour beaucoup. Le fonds de Blois est cependant original par la présence, aux côtés des ouvrages de la religion catholique, d'œuvres significatives d'autres religions ou d'autres croyances.
Religion
Les éditions de la Bible et les textes liturgiques
La Bible est bien représentée avec plus de 300 éditions différentes allant du XVe au XIXe siècle.
Dominant le paysage, les quatre bibles polyglottes présentent le texte en latin, grec, hébreu, chaldéen et araméen, langues auxquelles s'ajoutent, suivant les éditions, l'arabe, le perse et le syriaque. La première polyglotte publiée en 1515 à Alcala (Espagne), est l'œuvre du cardinal Jimenez de Cisneros qui en finança l'édition. Celle d'Anvers (1569-1572), la plus luxueuse, fut patronnée par Philippe II d'Espagne. La bibliothèque possède également l'édition de Paris (1629-1645) et celle de Londres (1657), oeuvre de Brian Walton, la plus complète avec le lexique d'Edmond Castell.
D'autres bibles se signalent par la richesse de leur illustration (Bible de Mortier, Bible de Saugrain), par l'élégance de leur traduction (Bible de Lemaitre de Sacy) ou par la beauté de leur typographie (Bible de Richelieu, Bible dite « des évêques »). Les versions en langue vernaculaire sont assez nombreuses. Le Nouveau testament adapté en français par Julien Macho en est l'une des plus anciennes versions, imprimée à Lyon en 1477. Le Nouveau testament imprimé par Pierre de Vingles en 1534 annonce la grande bible dite d'Olivetan publiée l'année suivante par les réformés à Neuchâtel. Les psaumes mis en vers par Clément Marot témoignent de l'effort des réformés pour mettre le texte sacré à la portée du plus grand nombre. La bible de Brucioli est la première version en italien et celle dite « à l'ours » en référence à sa marque d'imprimeur, est la première en espagnol. Leur condamnation par le Vatican et par l'Inquisition fut cause de leur disparition et, par suite, de leur rareté. On notera d'élégantes impressions de Baskerville (The Holy Bible de 1763) et de Didot (Bibliorum sacrorum de 1785). A ces éditions on peut encore ajouter les versions imprimées en grec ou en hébreu par Robert Estienne et la bible imprimée en hébreu par Plantin à Anvers en 1578 dont les marges sont couvertes d'annotations faites au XVIIe siècle par le grand pasteur protestant que fut Samuel Bochart.
La théologie regroupe également les livres de liturgie parmi lesquels on remarque le rarissime Missale mixtum dictum mozarabes à l'usage de la population mozarabe, imprimé à Tolède en 1500, le Nécrologe manuscrit de l'abbaye de Pontlevoy (XIIe siècle) ainsi que plusieurs livres d'heures imprimés ou manuscrits, dont certains sont enluminés. L'Oratio dominica publié en 1700 est un curieux essai de traduction du Pater noster en cent langues et alphabets différents.
Les textes théologiques
Les écrits des Pères de l'Eglise, tant grecs que latins, et ceux des théologiens scolastiques qui à partir du XIIe siècle tentent de concilier l'enseignement d'Aristote avec celui des pères de l'Eglise, occupent une place importante dans les rayons.
A noter dans cette section une quarantaine d'ouvrages relatifs au jansénisme et à la bulle Unigenitus dont une belle édition des Provinciales de Pascal et la Vérité des miracles opérés à l'intercession de M. de Pâris, de Carré de Montgeron, curieux ouvrage témoignant de l'affaire des Convulsionnaires qui agita Paris et la cour autour de 1730. Les très nombreux recueils de sermons, traités de morale et catéchismes, essentiellement des XVIIe et XVIIIe siècle, forment la partie la plus nombreuse du fonds théologique avec plus de 600 volumes.
Les ouvrages hétérodoxes
Plus intéressants, car souvent plus rares, sont les ouvrages de théologie polémique. Ils témoignent des divergences et des nombreuses disputes qui ont éclaté à diverses époques au sein de l'Eglise catholique. Les ouvrages de théologie hétérodoxe, où l'on trouve les œuvres de Calvin et celles de pasteurs protestants, pour avoir été interdits, sont devenus peu communs, comme l'ouvrage du pasteur d'Ysé ou celui de John Wycliffe. Les pasteurs anglicans et les quakers sont représentés par une bonne vingtaine de titres pour la plupart en anglais, tous tirés de la riche bibliothèque réunie par Mgr de Thémines, évêque de Blois à la fin du XVIIIe siècle.
Enfin la bibliothèque possède de belles éditions anciennes du Coran, du Bhaguat-Geeta (sic), une édition chinoise des cinq livres de Confucius, et ce curieux Ezour Vedam qui tente en 1778 de faire la synthèse des quatre védas du brahmanisme, ouvrages qui témoignent, par leur provenance ancienne, de l'ouverture d'esprit et de la curiosité des religieux blésois du XVIIIe siècle.
L'histoire ecclésiastique, les vies de saints, l'histoire des conciles et des synodes sont traitées au chapitre de l'histoire.