Depuis l'ouverture de la bibliothèque Abbé-Grégoire, les bibliothèques de Blois ont créé une section consacrée au français classique.
Blois se devait en effet d'honorer la mémoire des grammairiens qui, au XVIIe siècle, ont fait la renommée de notre ville en matière de bon français. Depuis les séjours de la cour en Val de Loire au XVIe siècle, Blois partageait avec quelques autres villes comme Tours, Orléans ou Angers, la réputation flatteuse d'être le lieu de France où l'on parlait le français le plus pur, le plus conforme aux usages du beau monde et le moins chargé d'accent, donc le meilleur pour l'apprentissage de la langue par des étrangers. Mais c'est de Blois que sont issus trois grammairiens, Charles Maupas, Paul Festeau et Claude Mauger, qui ont exporté leur savoir et contribué à la réputation de leur ville natale en installant des cours de français à l'usage des Anglais, à Londres dans le quartier de Ludgate, qui prit bientôt le surnom de « Petit Blois ». C'est dans la continuité de leur travail que la bibliothèque de Blois développe un fonds d'étude du français classique. On y trouve les précurseurs tels que le Champfleury de Geoffroy Tory (1529) qui constitue un des premiers traités de grammaire française, ou Le Trésor des mots de Robert Estienne (1578). Les travaux du XVIIe siècle sont bien représentés avec les dictionnaires de Furetière (1684), de Richelet (1680) et de l'Académie (1695). Les Remarques sur la langue Française, de Vaugelas (1647), Les Origines de la langue française de Ménage (1650), mais aussi l'Ortografe francese, d'Arnoult (1750) ou Les illustres proverbes historiques du comte de Cramail (1655) illustrent les remous suscités par les travaux de l'Académie et les débats autour de la fixation de l'orthographe.
Les publications du XVIIIe siècle ouvrent de nouvelles perspectives de recherche sur la formation des langues et sur l'universalité de la langue française. L'abbé Pluche et le président de Brosses associent mécanique et linguistique, Court de Gébelin dans son Histoire naturelle de la parole (1776) étudie la voix et ses organes. Quand l'Europe des Lumières parle français à la fin du siècle, le rapport de l'abbé Grégoire affiche la nécessité d'anéantir les patois (1793). Les collections de la bibliothèque suivent l'évolution de la langue aux siècles suivants avec les contributions de Charles Nodier, Jean-Baptiste de Roquefort, Emile Littré et Ferdinand Brunot. On y voit l'appel à la réforme lancé par Marle, les Observations de Firmin Didot (1867), le Dictionnaire du langage politique de Vaumène (1831). Aux côtés de ces études sérieuses sur la règle et du bon usage, figurent des ouvrages plus légers tels que le Dictionnaire de la langue verte d'Alfred Delvau (1883), la Manière d'apprendre le français en riant de Parival et Dampierre (1698), La cantatrice grammairienne ou l'Art d'apprendre l'orthographe françoise seul (...), par le moyen des chansons érotiques (1788) ou les Excentricités de Lorédan Larcher (1860).