Livres imprimés à Blois
Livres imprimés à Blois
Inventée dans le milieu du XVe siècle dans les pays rhénans et rapidement diffusée en Europe entre 1470 et 1490, l'imprimerie n'est arrivée à Blois qu'en 1554.
A cette date, Julien Angelier, arrivant de Bourges et de Tours, installe sa presse dans le haut de la ville, proche du palais de justice, alors implanté sur la place Saint-Louis. De son officine sortent des ouvrages aussi variés que Les grandes et fantastiques batailles des grands rois Rodilardus et Croacus, amusant pastiche d'Homère, le commentaire de Denis Dupont sur la Coutume de Blois, le Nouveau testament en latin et en français ou les discours prononcés aux états généraux d'Orléans en 1560. En 1578, Barthélémy Gomet est le deuxième imprimeur installé à Blois. Sa production est essentiellement composée de pièces fugitives (discours, arrêts, lettres patentes) et de la première édition blésoise des Coutumes de Blois en français. La présence de la cour à Blois sous Henri III et les troubles de la Ligue amènent à Blois plusieurs imprimeurs parisiens comme Claude de Montr'oeil, Jamet Mettayer ou Jacques Grégoire. Leur éphémère production reflète les opinions politiques des différents partis en présence.
Le XVIIe siècle est illustré par deux maisons rivales. La première est celle de la veuve Gomet, continuée par Philippe Cottereau, ses fils Jacques et Michel, François de la Saugère et Alexis Moette jusqu'à l'orée du XVIIIe siècle. La deuxième est tenue par Gaucher Collas puis sa veuve, Martin d'Huisseau et sa veuve et enfin Jules Hotot, sans doute le plus prolifique des imprimeurs blésois du XVIIe siècle. La production de ces officines est très variée. On y trouve bien sûr beaucoup de pièces fugitives telles que discours, thèses, placards, affiches ou oraisons funèbres, mais aussi des livres plus élaborés tels que la Henriade de Sébastien Garnier (1593, par la veuve Gomet) la Grammaire française de Maupas (1607, par Cottereau), le Tableau astronomique de G. Moisson (par Cottereau, 1606), les différents ouvrages pieux et historiques de Guillaume Ribier (chez Jules Hotot), les Promenades d'Antoine Coutel (chez Moette, 1676) ou les Ouvrages dévots du Père Patrice de Saint-Dié (également chez Hotot, 1661).
Paradoxalement, la production blésoise du XVIIIe siècle se restreint presque exclusivement aux ouvrages religieux et aux factums. La création du diocèse de Blois en 1697 explique en effet les publications, régulièrement remises sous presse, du bréviaire, du missel, du catéchisme et du cérémonial en usage dans le diocèse. De même, les règlements à l'usage des communautés religieuses sont presque tous publiés par Jean Regnault et son gendre et successeur, Philbert-Joseph Masson, puis par le fils de ce dernier Jean-Philbert-Joseph Masson jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. L'autre officine, celle de la famille Charles, est moins productive mais a donné d'intéressants manuels de civilité à l'usage des enfants et imprimés en caractères de civilité. Les factums sont représentatifs de la vie quotidienne et procédurière du XVIIIe siècle. Exposant les faits lors d'un procès, les factums se présentent souvent comme la défense ou l'apologie d'une des parties. Ils constituent une source essentielle de l'histoire des mœurs et des mentalités en ce qu'ils expriment parfaitement les différents courants d'opinion notamment dans les grands procès.
La production du XIXe siècle est plus courante et abondante surtout dans la deuxième moitié du siècle. Signalons les ouvrages incontournables que sont l'Histoire de Blois de Bergevin et Dupré publié en 1846 chez Dezairs, l'Histoire du Royal monastère bénédictin de saint Lomer publiée par Dupré chez Marchand en 1868 et les innombrables ouvrages historiques, religieux et d'érudition imprimés par Lecesne, successeur de Dezairs ou par Camille Migault à la fin du siècle et au début du XXe siècle. On peut aussi signaler ce très curieux essai typographique que constitue le Livre de Demain, imaginé par Albert de Rochas et mis en œuvre par l'imprimeur Raoul Marchand en 1884. On y essaie l'impression en encres de différentes couleurs sur des papiers de grammages, de textures et de couleurs différentes et avec différentes techniques d'illustrations telles que gravure ou chromolithographie.
Cette riche tradition éditoriale se poursuit de nos jours avec la petite mais talentueuse maison d'édition Hesse, établie à Saint-Claude de Diray, qui publie beaux livres et ouvrages historiques sur la région et, en sortant un peu de notre cadre blésois, avec les éditions du Cherche-Lune à Vendôme, spécialisée dans le livre historique et régional.
La collection d'impressions blésoises conservée au fonds patrimonial est loin d'être exhaustive et la bibliothèque recherche toujours activement les productions typographiques qui manquent encore à son catalogue.