Les manuscrits
Le manuscrit, comme son nom l'indique, est un document écrit à la main. Cependant, dans le fonds de la bibliothèque de Blois, le terme recouvre des réalités très diverses. En dehors du fait que la main humaine y a laissé sa trace, il y a peu de choses en commun entre le brouillon d'un texte d'auteur, un recueil de textes philosophiques médiévaux, un livre d'heures enluminé, une lettre autographe de Victor Hugo, un dossier de notes de voyage ou les papiers personnels d'un érudit local. Pourtant ce sont ces documents, de style et d'époques très variés, qui forment la majeure partie du fonds des manuscrits de Blois.
Religion
Les manuscrits médiévaux
Les manuscrits médiévaux sont peu nombreux.
Ce qui aurait pu provenir des abbayes locales a disparu dès les guerres de religion dans le pillage et l'incendie des deux grandes abbayes blésoises de Saint-Laumer (bénédictins) et de Bourgmoyen (chanoines augustins) en 1568. Seuls ont survécu le Nécrologe de l'abbaye de Pontlevoy (XIIe siècle) offert au XIXe siècle par l'historien Louis de La Saussaye et les Dits moraux des plusieurs philosophes de Guillaume de Tignonville, copiés au XVe siècle et conservés plus tard à l'abbaye de Saint-Laumer. Un agréable livre d'Heures à l'usage d'Orléans, provenant probablement de Saint-Laumer, a conservé une dizaine d'enluminures à pleine pages réalisées vers 1440, mais ce charmant manuscrit reste une exception dans les fonds blésois. Les autres manuscrits médiévaux proviennent de collections privées comme la collection de Mgr de Thémines d'où provient le manuscrit des Miracles de Notre-Dame de Gauthier de Coincy (XIIIe siècle) et surtout la collection d'André Frank qui en 1974, a légué à la ville de Blois plusieurs manuscrits médiévaux d'un grand intérêt. On note entre autres un manuscrit de l'Arbre des batailles d'Honoré Bonet, enluminé à la fin du XIVe siècle pour Louis de Chantemerle, chambellan des ducs de Bourgogne, une paraphrase de l'Illiade d'Homère transcrite en grec sur papier de coton au XIVe siècle, un rare manuscrit théâtral de la Destruction de Troie de Jacques Millet, pièce représentée à Orléans vers 1460, indiquant les jeux de scène, ce qui est exceptionnel pour l'époque ou encore un curieux petit livre d'heures, enluminé peut-être en Italie au XVe siècle.
Les manuscrits des XVIIe et XVIIIe siècle
Les manuscrits des XVIIe et XVIIIe siècle renferment de nombreuses pièces intéressantes.
Au plan local, on dénombre les deux volumes de chansons et d'écrits jansénistes recueillis par un magistrat de Blois entre 1730 et 1740, plusieurs cahiers de cours, remplis par des élèves du collège jésuite de Blois, la liste des élèves de l'école royale militaire de Pontlevoy ou la curieuse Ariadne françoise, composée en 1657 à Blois par le frère minime Hilarion Messant pour l'épouse de Gaston d'Orléans et dont les devises honorent tous les membres de la famille ducale. Les manuscrits originaux de l'Histoire du royal monastère de Saint Lomer de Blois de dom Noël Mars (1646) et les Mémoires de Dufort de Cheverny, constituent des documents de premier plan pour l'histoire locale. Sur un plan plus général, on trouve également des ouvrages restés inédits comme le Portrait du gouverneur politique de Jean Baptiste de Madaillan, ouvrage dédié à Louis XIV, la traduction inédite en français des Quatre âges de la femme du poète allemand Zacharia ou le Cours de fortification de Louis de la Rainville.
Les brouillons et manuscrits d'auteurs
Plus nombreux sont les brouillons et manuscrits laissés par les érudits locaux du XIXe siècle.
C'est grâce à la générosité de l'historien Henry de La Vallière que les papiers du bibliothécaire Alexandre Dupré sont revenus à la bibliothèque. Tous les travaux historiques que cet infatigable chercheur a menés sur la ville de Blois et le département de Loir-et-Cher, et dont seule une petite partie a été publiée, sont présents à l'état de brouillon et souvent de manuscrit mis au net.
Les manuscrits réunis ou écrits par Louis de la Saussaye, membre de l'Institut, ont intégré la bibliothèque à diverses reprises, l'ensemble de la bibliothèque de ce grand historien et numismate ayant été malencontreusement dispersé en 1887, dix ans après sa mort. Sont ainsi revenus à Blois le procès-verbal original de la Coutume de Blois (1523), l'épitaphe de Claude de France et de sa fille Charlotte (1524), l'amusant Registre des visiteurs au château de Blois (1842-1844) et surtout les manuscrits de son Journal historique du Blésois et de la Sologne (1827-1834) et de ses Mémoires pour servir à l'histoire de la Sologne blésoise (1835-1836) avec les planches qui accompagnent le texte. Si le premier de ces deux documents a été récemment édité, le deuxième reste encore à découvrir.
En hommage à l'abbé Grégoire, dont notre bibliothèque a pris le nom, un petit fonds de manuscrits a été créé depuis les années 1990 : correspondances diverses et brouillons de textes sont venus rejoindre les nombreuses éditions anciennes de cet infatigable polygraphe déjà possédées par l'établissement.
Les 81 volumes de notes manuscrites laissés par l'architecte Arthur Trouessart constituent l'une des sources primordiales de l'histoire locale. Ils réunissent en effet la copie intégrale des registres des délibérations muncipales de Blois du XVIe siècle à la Révolution, la copie abrégée, mais néanmoins intégrale des registres paroissiaux des six paroisses de Blois avant la Révolution, la transcription d'un grand nombre d'articles de presse blésoise publiés entre 1850 et 1919 et une dizaine de volumes de notes diverses sur le Loir-et-Cher. L'écriture régulière et très lisible de cet érudit, les tables thématiques et alphabétiques dont il a pourvu ses volumes font de ceux-ci un irremplaçable outil de travail tant pour les historiens locaux que pour les généalogistes.
Enfin un certain nombre d'études historiques et documents manuscrits sont entrés récemment (2004) dans les collections comme l'Histoire de Marchenoir de Péan et Rousseau (1820) la Bibliothèque vinolienne du chanoine Porcher (1890), le somptueux contrat de mariage enluminé de la famille de La Morandière, les amusants carnets de voyages de Paul de Sorbiers ou le procès qui opposa le corps de ville et les habitants de Blois en 1740.